Marie-Thérèse de Soubiran, fondatrice de la Congrégation de Marie-Auxiliatrice, ouvre en 1872 à Paris dans le 9ème arrondissement une « Maison de famille » pour jeunes travailleuses venues des campagnes pour trouver du travail. Les religieuses, attentives aux besoins des jeunes, remarquent les difficultés qu’elles rencontrent si elles sont malades et doivent arrêter de travailler.
Les Sœurs créent une Société de Secours Mutuel en 1875: moyennant une cotisation de 1 sou, Les ouvrières bénéficient de l’hospitalité à l’infirmerie de la Maison de Famille et des soins, pendant un mois.
Le Secours Mutuel thésaurisait fort peu, et pour ne pas risquer la faillite, les religieuses recrutent de nouveaux membres honoraires et quêtent aussi des dons en nature.


Un soir de novembre 1876, les quêteuses entrèrent dans la boutique d’une marchande de tissu lui demandant un peu de flanelle pour une jeune fille malade.
La marchande leur dit: « Ah ! vous vous occupez des jeunes filles malades… si vous pouviez guérir ma pauvre enfant, venez la voir » et elle conduit les religieuses vers une soupente sans air ni lumière où sur une couchette gisait une jeune de 17 ans, minée par la fièvre, constamment secouée par une toux caverneuse. C’était sans nul doute une « poitrinaire ».
L’article 18 des Statuts ne permettait de prendre en charge les malades chroniques ou contagieuses; néanmoins, les visiteuses fort émues dirent à la maman en pleurs : « Nous reviendrons demain »
Le lendemain, la jeune malade était installée à l’infirmerie de la Maison de Famille dans une chambre isolée: Déjà on soupçonnait les risques de contagion, bien que le bacille de Koch ne fut pas encore connu.

La première « poitrinaire » était recueillie par les Sœurs.
livry.jpg Quelques unes des jeunes travailleuses avaient contracté des maladies respiratoires.

Il fallait trouver une Maison pour isoler et soigner ces jeunes malades. On loua 4 pavillons en bordure de la forêt de Bondy, à Livry-Gargan. Ce fut l’ébauche du 1er sanatorium, en 1877. Puis on créa « l’Œuvre des Poitrinaires » distincte du Secours Mutuel.

La tuberculose progressait dans la société. Dès 1880, le nombre de lits disponibles ne permettait plus de répondre aux nombreuses demandes d’admissions. Le Dr Lefèvre dut chercher une autre possibilité d’accueil.

A ce moment là une jeune malade, Irlandaise, appela la Sœur qui la soignait et lui raconta le rêve qu’elle venait de faire, un rêve prémonitoire:

«Ma Sœur, cette nuit j’ai fait un rêve et j’ai vu une belle maison, les fenêtres s’ouvraient sur un grand parc, il y avait beaucoup de jeunes malades qui riaient. Moi je vais mourir, mais je voudrais que vous acceptiez cette bourse, je n’ai pas de famille et ce sont de petites économies ; avec beaucoup d’autres elles pourront vous aider à acheter une « Maison de componction ». ( c’était la traduction du nom que l’on donnait à un sana en Irlande à l’époque)»

La Sœur accepta en promettant que la petite somme servirait avec d’autres à acquérir une propriété et établir un grand sanatorium

Peu de temps après Le Dr Lefèvre avait trouvé à Villepinte « le Château Rouge », un grand domaine avec des dépendances et parc de plus de 8 hectares; l’achat fut conclu.

le 19 mars 1881, le « Château Rouge », après quelques aménagements accueillait 32 malades, et 8 religieuses

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