Ce temps pascal pourrait nous aider à mieux vivre cette étape de notre vieillesse où nous sommes parfois confrontés à la solitude, à la souffrance, à la dépossession progressive de tout ce qui nous a été donné, au découragement qui prend parfois une couleur de déprime.
Oui, nous venons de méditer sur les souffrances du Christ à Gethsemani, nous l’avons vu lâché par ses disciples, épuisé à porter sa croix; nous l’avons vu couronné d’épines, cloué sur la croix… Il nous ouvre un chemin
Le Père Legavre S.J. disait : « Cette vie est un don reçu qui peut devenir offrande unie à celle du Christ, en communion aux souffrances du Christ »


Lorsque nos forces s’en vont, Nicole Carré nous dit de: « ne pas nous laisser happer par l’engrenage de la dévaluation de soi-même » Trop souvent nous nous sentons valorisés par ce que nous faisons mais notre vraie valeur n’est pas là . Au fur et à mesure que nous ne pouvons plus FAIRE, nous gardons notre richesse (même si elle nous semble de moins en moins réelle), et notre capacité d’ ÊTRE s’agrandit
« Les œuvres passent, la Source demeure. » N Carré
Etre… Être capable de RECEVOIR le moment présent, les choses du quotidien, la beauté d’un bourgeon qui s’ouvre; la délicatesse d’un geste ou d’un sourire… Se faire capacité d’accueil pour ce qui est autour de nous, et nous faisons des découvertes car lorsque nous étions « actifs », le FAIRE risquait de nous accaparer la vue, et l’écoute…

Notre capacité à Être se traduit aussi par ÊTRE simplement ce que nous devenons ; être là, tel que nous sommes, et une certaine beauté intérieure transparaîtra parce que nous serons vrais avec nous-mêmes et avec les autres

M.Thérèse Abgrall, disait dans une conférence : « Avancer en âge, c’est la grâce de la disponibilité intérieure pour laisser venir à moi le chant du monde… Et être un peu comme le cœur priant de nos communautés ou de nos familles dans le champ immense des besoins du monde  »
lampe.pngOui, cela transforme notre vie et c’est une mission qui porte des fruits , souvent très cachés aux yeux de ceux qui nous entourent, mais connus de Dieu seul

Le Père Jacques Guillet S.J. dans un article paru dans Christus, écrivait:
« Comme Jésus ressuscité retrouve les blessures de sa Passion mais transfigurées, Il transforme mystérieusement, dès aujourd’hui, la substance de nos existences, le pauvre tissu de nos vies, nos actions sans résultats, et les unit à son corps ressuscité; Il est vivant dans chacun de nos gestes pour leur donner leur poids de gloire et d’éternité. »

En partageant avec vous ces quelques réflexions, fruits d’expériences vécues et constatées, l’Évangile des Pèlerins d’Emmaüs (Luc 24,13-35 ) s’est imposé à ma méditation comme un chemin de vieillesse. Par certains côtés, ce chemin pourrait être le nôtre; nous connaissons des moments où la lassitude, la déception, la constatation dans certains cas devant tout ce qui nous échappe, obscurcissent notre corps et notre cœur…Et c’est alors qu’un étranger, enfin quelque chose d’étrange entre en nous, entre chez nous… Et si nous prenons la peine de le regarder, d’écouter, notre cœur est transformé, ça y est, c’est LUI… Lui, Jésus le Ressuscité, Il vient marcher avec nous; Il écoute nos souffrances, nos préoccupations si nous voulons les partager avec Lui. Il nous réchauffe le cœur et nous éclaire sur ce long chemin qui nous conduit à la vraie VIE
chemin_de_lumiere.jpg
[/Sr Marie Clarisse/]