Dieu se promenait au Paradis à la brise du soir, environné des Anges et de toutes les créatures… mais deux d’entre elles manquaient et Dieu était un peu triste, surtout quand il voyait son fils jouer (1) près de lui, sous les grandes ailes caressantes de la colombe. Son Fils, riant avec la Sagesse, mais qui, bien sûr, savait…

Or, tandis qu’il caressait un buisson de roses encore sans épines, il vit s’élever doucement, tranquillement une femme merveilleuse qui portait dans ses bras un petit enfant : Son fils, mi souriant, mi rêveur. Cette femme qu’il avait créée au milieu des fleurs, revêtue de brume et d’écarlate, osait porter dans ses bras toute la Promesse et la douceur, mais aussi toute la souffrance née de l’écartèlement créé par les humains entre Dieu et ces deux être libres et merveilleux à qui il avait tant donné.

Avec son fils, sous les ailes de l’Esprit, elle entrevoyait les merveilles du Paradis, la douceur du Père. Et puis, un jour tout s’accomplirait aussi pour elle. Mais, déjà, de ses parents et du Seigneur, elle recevait son nom. Elle n’était pas seulement Eve, la femme, mais Marie, la Dame, Notre Dame, une simple femme bien humaine, comme Eve, libre comme elle mais qui avait choisi l’impuissance et l’ombre de la Croix avant de retrouver les roses du jardin et la  présence éternelle de son Seigneur. Son heure à elle était venue. Elle serait à jamais Notre Dame, si proche de son fils qui l’écoutait.  Notre Dame, notre mère qui sait à jamais ce que signifie « aimer ».

Sr Marie-Bernard

 (1)  Cf Proverbes 8, 30 : image du bonheur de la Création. Proverbes 8, on parle du jeu de la Sagesse. La Sagesse a été évoquée comme un Don merveilleux, donné à Salomon par Dieu, un des dons de l’Esprit.